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17 février 2015 2 17 /02 /février /2015 03:48

 

 

Je l’avoue cher Love Joyce Amavi, votre « billet » ne m’avait pas interpellé au départ. Je peux même dire que c’est par obligation que je l’ai lu, à cause du débat que cela a suscité.
Pourtant, il n’y avait rien de révolutionnaire dans ce que vous avez dit.
Si vous le permettez, j’aimerais commencer ce post comme vous : en puisant dans le vieux fonds de dictons censés exprimer la fameuse antique sagesse populaire. Mais comme je ne suis pas un fanatique du 18è siècle, je préfère invoquer un contemporain. Primo Lévi : « Une grande leçon de la vie est que les imbéciles ont parfois raison. Mais il ne faut pas en abuser. On appelle démagogie, l’art d’en abuser. »
Cher Monsieur Love Joyce Amavi, n’abusez pas de votre apparente facilité à discourir et examinons une à une certaines de vos certitudes :

1. Les successions héréditaires dans certains pays d’Afrique ne sont que les conséquences des situations politiques qui les ont précédées

Si je m’étais écouté, je vous aurais donné des exemples mais je me suis rendu compte que vous avez pris la précaution de préciser « certains pays ». Du coup, je n’ai plus qu’une seule question : dans le cas du Togo, qui l’a créée cette situation qui a précédé le coup d’Etat de Fraude Gnassingbé en 2005 ? (Vous avez vu, je suis gentil, parce qu’en 2005, il y a eu en une seule nuit pas moins de 3 coups d’Etat consécutifs !)
Non, monsieur ! Je n’ai pas passé « vingt ans voire plus, à déifier un chef d’Etat, etc.» Ce n’est pas le peuple togolais qui a crée le culte de la personnalité à Gnassingbé Eyadéma. Je sais qu’un démagogue n’a jamais peur de réécrire et de réinventer l’Histoire. Mais là vous y allez un peu fort quand même !
« Le miracle des Aurès », « l’attentat de Sarakawa », « l’attentat raté du soldat Bokobosso »…toutes ces fables là et bien d’autres, pour vous, ont été inventé par les populations elles-mêmes ? Ce n’est ni presse d’Etat, ni la radio d’Etat, ni la télévision d’Etat qui serinaient à longueur de journée les slogans à la gloire du « Timonier national », du « Guide de la Nation », du « Père du Togo Nouveau », du « Chef Bien Aimé », du « Combattant Suprême » ? Les panneaux géants plantés dans les rues où le Général –président figure en boubou blanc, en costume ou en uniforme…cette propagande permanente comme si on était à la veille d’un congrès de Nuremberg n’a pas été organisée par Eyadéma et sa clique ?

2. Tout le monde savait !

C’est qui tout le monde ? Je peux savoir ce qu’il savait exactement ce monsieur tout le monde ?
Non Monsieur, ne vous en déplaise, j’étais loin d’imaginer qu’en 2005, après la mort d’un chef d’Etat largement contesté, même dans son propre camp, son fils marcherait sur les corps de plusieurs centaines de Togolais pour se hisser au sommet de l’Etat !

En novembre 2009, j’ai été invité après une séance de contes à L’Ecole élémentaire de Yermenonville (Eure-et-Loire, France) à parler du Togo aux élèves. Au moment des questions-réponses, un élève m’a demandé le nom du président du Togo.
-Faure Gnassingbé, je réponds.
-Et avant lui ?
-Eyadéma Gnassingbé !
-le Togo, c’est un royaume ?
La vérité sort de la bouche des enfants. Et ce sera ma deuxième citation.

3. En politique, il est courant d’être fils naturel ou supposé pour se donner une certaine légitimité.

Franchement, vous vous contredisez là. Vous avez dit plus haut que la légitimité de Gnassingbé Eyadéma posait déjà problème ! Et d’ailleurs, Fraude Gnassingbé avait essayé de faire croire à l’opinion qu’il se démarquait de son père en piquant une vieille formule qu’utilisa jadis Laurent Fabuis pour se démarquer lui de Tonton Mitterrand : « Lui, c’est lui. Moi, c’est moi ! »

4. Des avancements notables sont pourtant à relever

Pour la deuxième fois, vous entrez en contradiction avec votre champion. Le 26 avril 2012, il a lui-même « découvert » qu’une minorité s’accapare des richesses du pays. Une « découverte » qu’il fait après seulement 7 ans de règne ! Depuis cette « découverte », il s’est encore écoulé 3 autres années. Pendant ce temps, 73% des 6,5 millions de Togolais vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté. Ce taux grimpe à 96% en zone rurale. Le taux de chômage tutoie les 30%. Seuls 4% de la population bénéficie d’une protection sociale. Les routes revêtues dégradées sont passées de 8% à 53%. Je suis parfaitement d’accord avec vous : « Il reste des choses à faire ! » Mais votre champion a manifestement besoin de temps, de beaucoup de temps…mais vous savez quoi ? Il y en a qui peuvent aller vite.

5. Il ne faut pas exacerber nos frustrations légitimes pour éviter des situations regrettables

De quelles situations regrettables parlez-vous ? Celles récentes où des centaines de Togolais sont morts, assassinés pour avoir voulu exercer leur droit de vote ? Celles où les meetings d’opposants sont sabotés ? Le courant électrique coupé ? Celles de militaires et de miliciens faisant le tour des bureaux de vote pour empêcher les dépouillements kalachnikov à la main ?

6. Un premier mandat pour qui ?

Bah, pour celui ou celle que le peuple aura choisi librement à l’issu d’un scrutin transparent ! Sans violence. Sans vol d’urne. Sans bourrage ni physique ni électronique d’urne.

7. Demandons des comptes à l’opposition

Pas très courageux, l’ami ! Moi perso, je préfère demander des comptes à ceux qui exercent le pouvoir qu’à ceux qui aspirent à l’exercer. Etre opposant n’a jamais été un mandat électif ! Demander des comptes à l’opposition c’est reprocher à une femme violée de s’être habillée en mini-jupe !!! Demander des comptes à l’opposition c’est surtout tailler avec une hache les épisodes qui vous dérangent dans l’histoire de notre pays. C’est vouloir plier l’histoire toute entière du Togo à vos désirs. L’armée qui est intervenue dans le processus démocratique aux côtés d’Eyadéma pour contester certaines décisions de la Conférence Nationale ? Jamais entendu parler ? Les 22 engagements devant la communauté internationale tout de suite foulés au pied par Eyadéma? Inconnu au bataillon ? L’accord politique Global enterré ? Vous entendez mal ? Les recommandations de la CVJR renvoyés aux calendes grecques ? Des broutilles surement !

8. Le changement, c’est Faure qui l’incarne le mieux aujourd’hui

Juste une petite question : Que veut-il changer au fait votre champion ? La politique qu’il a lui-même mené depuis 10 ans ? La politique que son papa a mené pendant 38 ans ? Que veut-il changer ? Je veux savoir !

Pour le reste, je suis d’accord avec vous : s’éterniser au pouvoir ne doit pas devenir la règle ; la méritocratie n’est pas facultative, elle est obligatoire. Je m’en vais juste corriger la phrase sur la punition. C’est la question d’une justice indépendante qui doit être posée. Cela dit, vous vous trompez d’auditoire. C’est à votre champion qu’il faut dire tout cela. S’il savait tout ce que vous savez, il l’aurait déjà fait en dix ans de règne.
Par contre, je connais un Togolais qui sait tout cela et bien plus encore. Tout en étant fier de son nom, Alberto Olympio (puisqu’il s’agit de lui) ne revendique aucun héritage. Je sais que vous adorez les citations. Je vais finir donc ce post par une pensée d’Alberto Olympio : « Nous allons rebâtir notre pays, notre beau pays sans laisser personne au bord de la route. L’une de mes priorités est de faire en sorte que tous les Togolais mangent à leur faim. Je vais maintenir au plus bas le prix des produits de première nécessité. Nous devons aussi revoir complètement notre système de santé. Il est dans un état critique. Nous allons mettre en place un système sanitaire avec des centres de soins de proximité répartis sur tout le territoire. Comme c’est le cas dans certains pays développés ou émergents, nous allons mettre en place de manière progressive une couverture médicale universelle pour Tous. Aucun Togolais n'aura plus à choisir entre se soigner et se nourrir. En plus du droit à la santé, les Togolais ont droit à l'emploi. Un de mes objectifs, c’est qu’il y ait au moins un emploi par foyer. L’éducation doit être adaptée aux besoins des entreprises et financée par des bourses et autres mécanismes mis en place par l’Etat. Mais tout ce projet ne sera possible que si nous faisons du Togo un Etat de droit ! »

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 13:48

 

« …à l’inverse de ce qui s’est passé dans l’Afrique occidentale Britannique, c’est le gouvernement français qui détermina véritablement la concession et le calendrier de l’indépendance en Afrique occidentale française et non les nationalistes africains. » (Histoire générale de l’Afrique, Vol VIII, Unesco, P. 212)

On se demande bien ce que célèbrent les Togolais lorsqu’ils fêtent l’indépendance. Olympio, comme le Christophe de « la Tragédie » d’Aimée Césaire, avait payé de sa vie d’avoir rêvé d’une destinée trop grande pour son peuple. Issue d’une famille de négociants mulâtres d’origine brésilienne, il avait fait ses études à Londres et en Allemagne et parlait six langues. Il n’était pas de « fabrication française ». Il voulait bâtir un port à Lomé et créer une monnaie frappée par les Anglais et garantie par la Bundesbank allemande. La rupture avec la Banque de France devait être ratifiée le 15 janvier 1963 : il fut assassiné le 13 du même mois.

C’est ainsi que cet ancien protectorat confié à la France par la Société des Nations (SDN) devint une colonie française. C’est Olympio que les Togolais ne méritaient pas. C’est Eyadéma qui leur ressemble.

De même que le référendum de 1958 était destiné à reformer l’idée coloniale pour mieux soustraire les colonies françaises aux puissances de la guerre froide, le discours de la Baule, en juin 1990, appelant à un renouveau démocratique en Afrique subsaharienne, adaptait la politique française à l’évolution du contexte international. La France ne pouvait pas ignorer la chute du mur de Berlin, la libération de Mandela et l’indépendance de la Namibie. Elle donna un ordre, et l’ordre fut entendu. Dès le 5 octobre, les Togolais se réveillèrent…

Comment a-t-on pu croire au Togo que la France, qui depuis des années soutient la dynastie des Eyadéma, pouvait servir d’intercesseur dans un processus démocratique auquel elle participait au nom du néocolonialisme humanitaire ?

Il faudrait cliniquement étudier la stratégie de la défaite au Togo, ou comment un peuple tout entier à l’écart du siècle a su inventer « l’indifférence ». Cinq millions d’hommes qui ne peuvent plus avancer à cause de la mer et dont la moitié en veut terriblement à l’autre de ne pas être née dans le Sud. « Querelles de poux, querelles de chiens pour l’os ». On s’invente des maux, on se dilue dans des histoires, on se dit gouverner par un despote que l’on ne cesse de diaboliser tous les jours pour mieux excuser son lymphatisme. Et c’est dans ce jeu de la diabolisation que s’installe la catharsis collective : l’évacuation des responsabilités, le transfert des agressivités dans des anathèmes imaginaires. Où l’on feint l’indignation, ou l’on mime la révolte. On ne s’insurge que lorsqu’on est prêt à mourir, et mourir pour une cause, c’est reconnaître implicitement que l’on est prêt à tuer pour qu’elle triomphe.

Hélas l’âme togolaise est bien trop habituée à s’abîmer dans l’excuse.

Enfant, on nous enseignait l’originalité et la splendeur des origines, les bienfaits d’une société communautaire fondée sur le l’entraide et le partage. L’infériorité économique se compensait par une sorte de supériorité morale, entendue, qui nous avait préservé de la corruption morale de l’Occident.  Tout cela participait d’une amnésie affective qui permettait de mieux tolérer l’administrateur français couleurs locales, qui n’hésitait pas à engloutir le budget d’un hôpital de province dans un sac Hermès acheté à sa femme.

Togolais, si vous pensez avoir été grand, sachez que vous n’êtes que les mendiants du monde.

 

Article paru dans le Gri-Gri International N°54 du jeudi 29 juin 2006, 

par l’historien sénégalais Serigne Seck

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 10:54

Le Djéli Hassane Kassi Kouyaté racontait à Lomé en 2008 l’histoire d’une souris qui s’est retrouvée par hasard dans le même trou qu’un serpent.

La souris se sent perdue. Mais elle a une idée. Avec un aplomb insoupçonnable, elle lance au serpent : « Inutile de te lécher les babines. Tu risques d’être très déçu. J’ai enfin aujourd’hui l’occasion de prouver au monde entier que le venin de souris est plus mortel que le venin de serpent. » Evidemment le serpent n’en croit pas un mot mais comme il n’a pas très faim, il décide de s’amuser un peu avec sa proie. La souris continue : « Nous allons mordre à tour de rôle un homme et on verra qui de nous deux va le tuer. »

La souris sort la tête du trou, mord un homme qui passait par là. Il rentre dans le trou et dis au serpent : « Tu peux aller vérifier par toi-même ce qu’une petite souris est capable de faire. » le serpent sort la tête. L’homme mordu voit le serpent et panique. « Un serpent ! » Et il tombe.

Le serpent n’en croit pas ses yeux. Il rentre dans le trou de plus en plus craintif.

« Attendons un autre passant. Tu verras qu’avec moi, il mourra encore plus vite. »

Le passant ne tarde pas à passer. Le serpent sort la tête, le mord et invite la souris à aller vérifier la situation. La souris sort la tête. Le passant la voit et dit : « Oh, ce n’est qu’une souris ! » Là-dessus, il continue tranquillement son chemin. Le serpent commence à paniquer sérieusement. « Ma bonne amie, la souris, nous sommes faits pour nous entendre. Sais-tu que nos parents étaient déjà de grands amis ? »

La peur a changé de camp. C’est maintenant au tour de la souris de profiter de cet instant de puissance !

Le serpent continue : « Tu sais, j’étais justement venu ici faire le ménage avant ton arrivée. Maintenant, je vais avec ta permission continuer ma route et te laisser amplement profiter de ta nouvelle demeure ! »

Mais la souris est grisée par sa nouvelle situation de puissance. Elle se sent vraiment forte, elle se croit vraiment capable de tuer un serpent. Elle refuse de laisser partir le serpent. « Prépare-toi à mourir, lui dit-elle. L’heure de la vengeance des souris a sonné. Vous les serpents, vous nous avez réduits en esclavage. Aujourd’hui, je vais laver l’honneur des souris ! »

Acculé, le serpent fait face à son destin. Dans la foulée, il mord la souris qui tombe, morte !

Cette histoire résume bien la situation du Togo depuis le 5 octobre 1990. La souris, c’est évidemment les leaders de l’opposition togolaise qui n’ont pas su profiter de la mobilisation et du sacrifice de la jeunesse togolaise pour réussir petit à petit des réformes. Ceux qui ont au moins mon âge se rappellent qu’en 1991, après une grève générale, l’opposition a obtenu la tenue d’une conférence nationale souveraine réunissant 800 délégués dans un climat assez tendu caractérisé par la division manifeste de l’armée. Alors que Paris avait offert un billet pour l’exil au général papa de la nation Eyadéma, les leaders de l’opposition se sont laissé aller à l’intransigeance et surtout à une lutte fratricide qui a permis à Eyadéma de regagner pied à pied le pouvoir. Aujourd’hui la situation n’a pas changé. A quoi sert une démonstration de force si on refuse le dialogue. C’est quoi cette stratégie malsaine de vouloir sacrifier le plus grand nombre de jeunes togolais pour obliger la « communauté internationale » à intervenir ? Quel gâchis ! Et dire que ça dure depuis 23 ans…

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 10:37

 

Perceptions de l’étranger dans les contes du Togo et d’Afrique

Intervention dans le cadre du Forum social sur les rapports Nord/Sud, organisé par le Centre Mytro Nunya

 

Nous ne sommes ni à la fac ni à un colloque, ce soir. Tant mieux car plutôt que de vous présenter une étude universitaire, j’ai choisi de vous livrer juste quelques réflexions autour du thème : « perceptions de l’étranger dans les contes du Togo et d’Afrique ».

Commençons d’abord par trouver une définition possible du mot étranger. Rassurez-vous, je ne vais pas vous imposer une analyse  linguistique. Je vais me contenter de trouver quelle image se cache derrière ce mot.

En pays Kabyé, l’étranger, c’est le «egכ : celui qui vient ou celui qui est venu. En Ewé, c’est le «amedjro» : celui qui est désiré.

L’étranger, comme personnage social, semble n’apparaître dans le conte que pour valoriser une règle de la société inspirée du souci traditionnel de l’autre : l’hospitalité !

C’est ainsi que dans un conte du sahel un enfant accueille les étrangers avec politesse, les convie à s’asseoir, leur offre l’eau de farine.[1] Dans un autre conte (malgache), on voit l’hôte s’affairer «fiévreusement pour leur tuer un poulet, leur piler du sorgho».[2]

Un conte Bassar (Nord-Ouest du Togo) explique même pourquoi c’est une loi sacrée de bien s’occuper de l’étranger : «L’étranger part, il ne revient pas.»[3]

Alors, on lui réserve la meilleure part de toute chose. Dans un conte sénoufo, le gourmand papa hyène invente un subterfuge basé sur  cette perception de l’étranger pour ravir de la viande à la tortue.  Il demande à sa femme de mettre un beau pagne pour que personne ne la reconnaisse. «Tu sais bien que lorsqu’un étranger arrive, on lui offre le meilleur morceau.» explique-t-il. Une telle sollicitude ne peut s’explique que par le fait que tous les principes moraux sont fondés sur l’idée de communauté. Or celle-ci existe non seulement entre les vivants mais encore entre les vivants et les morts. Sans oublier les génies et autres esprits bons ou malfaisants qui visitent maisons et marchés sous une apparence humble. Vous pensez honorer un étranger mais qui sait quel ancêtre, esprit ou divinité a pris son apparence pour vous éprouver ?

Dans le conte bassar déjà cité, c’est Dieu lui-même qui prend l’apparence d’un lépreux pour mettre à l’épreuve les descendants de ses créatures.  A la fin d’un conte éwé recueilli par Bernard Agudze-Vioka[4], le conteur est très explicite : « Tous ceux que vous rencontrez au marché ne sont pas tous des hommes et femmes comme vous et moi : il y a des hommes et des femmes normaux mais il y a aussi des revenants, des fantômes, des démons, des vaudous, des animaux métamorphosés en humains en quelque mission spéciale. »

L’étranger c’est on l’a vu «celui qui vient» ou «celui qui est désiré» tant qu’il ne fait que passer. Il peut devenir une menace quand il convoite une fille du village. L’épouse étrangère également doit montrer qu’elle a accepté son nouveau clan. Chez les Bassa du Cameroun par exemple, il doit planter des arbres fruitiers, particulièrement longs à pousser. Elle montre ainsi son désir de finir ses jours dans la famille de son mari.[5] Dans un grand nombre de contes, l’homme qui épouse une femme d’origine mystérieuse, souvent animale, finit toujours par la perdre. Même la femme stérile qui devient mère d’un animal, fruit ou plante transformé en enfant finit par le perdre en violant un interdit souvent la révélation du secret de son origine mystérieuse.

La jeune fille difficile qui choisit un étranger plutôt que les prétendants choisis par ses parents est toujours punie. Son mari est en général un animal, un monstre ou tout autre être asocial. Et c’est justement un autre membre du clan (un frère ou un prétendant éconduit) ou un esprit tutélaire qui vient la tirer du mauvais pas. C’est le cas d’un conte kabyè qui finit sur ces paroles: « La canne de la parenté fléchit mais ne se rompt pas, car cette femme bien qu’elle fût en désaccord avec ses parents, parce qu’elle s’était marié sans leur consentement, n’a pas été abandonné aux lions, quand elle les invoqua à son secours. Mais ne doit-elle pas aussi sa vie pour le respect qu’elle avait à l’égard du cheval de ses parents?»[6]

La cohésion sociale est fondée sur les relations familiales dont l’espace coïncide avec celui du village. L’étranger fait peur en ce sens qu’il représente l’inconnu. Mais le monde étranger quand bien même sauvage peut être bénéfique. Dans plus d’une quête, le héros revient beau et riche. Un conte kabyé prend même le parti de l’étranger. C’est l’histoire d’un homme qui a trois filles. Tandis que les deux premières se marient avec des hommes du clan, la dernière tombe éperdument amoureuse d’un chasseur étranger à la région. «Qui s’occupera de mes funérailles à ma mort que je sens proche si ton futur mari habite dans le lointain pays où les chiens aiguisent leurs dents ?» s’inquiète-t-il auprès de sa fille. Mais cette dernière s’entête. A la mort du père, seul le chasseur étranger malgré la distance s’acquitte de son devoir de gendre donnant ainsi raison à l’entêtement de la jeune fille.

Les contes, comme on l’a vu, témoignent d’un état de la société conforme à la tradition. Mais cette société sous la pression du monde moderne né de la rencontre avec des cultures non africaines a pu évoluer. Pour l’illustrer j’aimerais terminer ces quelques lignes en partageant avec vous deux contes :

Le premier est un conte bassar recueilli et transcrit par un missionnaire polonais ayant séjourné au Togo entre 1979 et 1993[7], qui prétend expliquer pourquoi «les blancs sont plus intelligents que nous les Noirs». En voici un bref aperçu.

Avant d’envoyer les hommes sur la terre, Dieu remit à chacun de leurs chefs un colis soigneusement emballés et leur dit : «Allez partager le contenu de chaque colis avec tous les vôtres !»

Le  chef des Blancs obéit à Dieu tandis que celui des Noirs garda égoïstement le colis. Il fut sévèrement tapé par ses sujets. Il s’avéra que les Blanc avaient reçu l’intelligence et les Noirs la sorcellerie.

Ce conte véhicule donc l’image tout à fait coloniale du Blanc tout puissant puisqu’il tirerait sa prétendue supériorité sur le Noir de Dieu lui-même. Le Noir ne devra s’en prendre qu’à lui-même car source de son propre malheur. C’est d’ailleurs la conclusion  du conte : «C’est pourquoi les Blancs sont plus intelligents que nous les Noirs. Nous avons transformé le don que Dieu nous a donné en sorcellerie mais les Blancs ont transformé le leur en intelligence.»

Le second conte m’a été raconté par une sœur burkinabé qui vit actuellement au Mali. C’est l’histoire d’un enfant pas encore né mais qui sort du ventre de sa mère pour lui rendre de menus services. Quand le père s’en rend compte, il décide d’éliminer  un tel phénomène. Il n’y parviendra pas. A la fin, l’enfant est précipité dans le feu mais loin d’être brulé, il est purifié et devient tout blanc. Naturellement, je ne peux pas personnellement adhérer à la conclusion de ces genres de conte mais je vous laisse le soin de débattre sur les connotations de cette histoire dont je ne connais pas l’origine géographique. J’ai cependant une piste qui me permet de supposer que ce conte peut venir du Maghreb : c’est un conte qui explique que les arabes sont des êtres parfaits. Ayant passés par l’épreuve du feu, les Noirs se seraient calcinés alors que les Blancs ont été ratés car trop vite retirés du feu. Les arabes, centre de l’attention de Dieu seraient sortis du feu à point.

Mes quelques lignes sont terminées.

Si vous les trouvez douces, vous me devez une histoire,

Si vous les trouvez amères, vous me devez une chanson.

C’est une formule « arabe » que je tiens de la conteuse Praline Gay-Para.

 

Gnimdéwa ATAKPAMA, conteur, écrivain et enseignant

Directeur du Festival « le Gain du Conteur »

Lomé, le 8 juillet 11



[1] Contes du Sahel, coll. « Fleuve et flamme »

[2] Contes de Madagascar, coll. « Fleuve et flamme »

[3] Iciin takaldau , Les contes bassar, présentés par Jacek Jan Pawlik, Olsztyn 2010

[4] Mensonges en or, de Bernard Agudze-Vioka, éditions haho, 2001

[5]Liboy li nkundung, W. Liking, M-J. Horantier, Les classiques africains

[6] Pékpéli Adjéna Pékpéli, La terre des prophètes, éditions Haho, 2003.

[7]Iciin takaldau , Les contes bassar, présentés par Jacek Jan Pawlik, Olsztyn 2010

 

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 10:29

 

kara 073

 

« Le conte doit entrer vivant dans l'école, porté par une voix, un souffle, une âme, une personnalité, une vision du monde, c'est-à-dire par un conteur qui ne joue pas les contrôleurs. » Praline Gay-Para, conteuse franco-libanaise

 

 

 

a l’école des contes

Festival interscolaire du conte à kara 

1ere  édition – Du 27 au 28 mars 2011 – Kara  

 

RAPPORT D’ACTIVITES

Par Komi KEWEZIMA, directeur du festival

 

 

 

 

 

I.                    Contexte et objectifs

 

De tout temps, le conte a facilité l’une des tâches les plus difficiles qui incombent à l’éducation : faire que l’homme trouve un sens à la vie. A l’heure où l’on s’interroge sur les nouvelles méthodes d’enseignement, où l’on fait appel aux techniques traditionnelles de « l’école sous l’arbre » et « veillées au clair de lune », un festival de contes est une aubaine.

Conscient que de nos jours beaucoup d’élèves ont des difficultés à prendre la parole en public et à s’exprimer sans ambigüités et vu que le conte est par excellence le moteur de l’expression orale et a pour outil principal, la mémoire, l’association « la cour des contes » a ciblé le milieu scolaire pour lancer la première édition du festival interscolaire de contes dénommé « A l’école des contes ».

Par ce festival, l’association entend ressusciter la valeur éducative et culturelle du conte au moment où les veillées se font rares et les contes avec. L’association compte permettre aux enseignants par des formations, d’utiliser le conte comme un outil de motivation dans tous les domaines d’enseignement. Au-delà de ces objectifs, la cour des contes veut créer un cadre de formation de futurs professionnels du conte.

Les objectifs spécifiques du projet sont :

-Etablir un lien vital avec le milieu scolaire en créant un espace d’apprentissage dans les écoles

-Développer avec les établissements scolaires des projets prenant en compte les dimensions artistiques, sociales, pédagogiques en y associant la formation des enseignants.

-Offrir une palette de spectacles riches, car les jeunes le méritent bien. Comme les adultes, ils ont besoin d’un souffle d’air frais, de devenir un spectateur averti, de développer leur esprit critique, ce qui est aujourd’hui capital dans un monde d’abondance visuelle de plus ou moins bonne qualité.

-Récompenser et encourager la pratique du conte par les enfants.

-Interroger le rapport qu’entretient l’école avec son environnement géographique, social, avec les familles afin d’y associer une approche citoyenne collective.

-Valoriser des cultures plus marquées par l’oralité.

-Trouver des compétentes là où il y a souvent échec face à l’institution scolaire, et de réduire un certain nombre de discriminations et d’inégalités.

 

II.                  Les temps forts

 

Le festival s’est déroulé en deux phases :

Phase 1 : 27 mars 2011 : formation à l’art du conte aux affaires sociales de Kara.

Phase 2 : 28 mars 2011 : concours du meilleur conteur dans les mêmes locaux.

Le festival a accueilli trois écoles du second degré notamment le CEG Camp Landja, le CEG Dongoyo et le CEG Tomdè.

Au cours de la première journée, les cinq candidats de chaque établissement ont suivi successivement une formation animée par Gnim ATAKPAMA,  le directeur du festival « Le Gain du conteur » assisté des conteurs de Kara et du directeur du festival « A l’école des contes », Komi KEWEZIMA.

La formation a commencé par des exercices pratiques suivis des illustrations de contes permettant donc aux formateurs de dévoiler en situation, les divers outils dont un conteur peut disposer pour gagner son public : la voix, la mémoire, la langue, le gestuel, la gestion du public. La journée de formation s’est achevée après que les formateurs aient donné des informations complémentaires sur les modalités du concours.

Le lendemain 28 mars 2011, tous les quinze(15) candidats se sont retrouvés pour le concours qui a effectivement démarré à 14h30 avec la mise en place des autorités administratives de Kara notamment le représentant du Maire de la ville de Kara, le Conservateur du Musée du Palais des Congrès de Kara, le Responsable de la Bibliothèque des Affaires Sociales « Lecture pour tous » de Kara. Après le mot d’ouverture du directeur du festival « A l’école des contes », le formateur et directeur du festival « le gain du Conteur » a introduit l’évènement par un conte, « L’histoire de deux hommes très malheureux ».

Le concours proprement dit a commencé par le passage respectif des cinq candidats de chaque établissement : CEG Camp Landja, CEG Dongoyo, CEG Tomdè. Chaque candidat en même temps qu’il représente son école, est en concurrence avec les 4 autres représentants de son école et les dix des autres écoles.

Trois artistes invités ont animé les intermèdes après le passage de cinq candidats. Il s’agit de Lidaouwè Godwin, Christine Tata et Tchalla Kloubali.

Coté médias, une radio locale, Kozah FM a fait un publi-reportage et la chaîne de télévision LCF a été requise pour un reportage. Un jury composé de trois membres, Gnim Atakpama, directeur du «Gain du Conteur», Awui Eyaba, conservateur du Musée du Palais des Congrès de KARA et le conteur Pagniou Sylvain a été mis en place pour juger les prestations des différents candidats. A l’issue du concours, cinq lauréats ont été retenus :

 

5eme: Mlle Koboyo LAKAZA (CEG Dongoyo)

4eme: Mlle Bella PELE (CEG Camp Landja)

3eme: M. Gaetan TONISIBA (CEG Dongoyo)

2eme: Mlle Adeline ASSABO (CEG Dongoyo)

1er: M. Martial KAGNOUDA (CEG Tomdè)

 

 

 

 

Fait à Kara, le 22 mai 2011

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 04:36
 
Le Gain du conteur est le festival du conte et des arts de la parole au Togo. La prochaine édition aura lieu du 13 au 19 décembre 2011. Le projet est initié et coordonné par l'association des professionnels du conte au Togo, La Cour des Contes. Voici une présentation vidéo du projet

 
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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 03:40

 


Vendredi 01 Juillet 2011 :Probabilité de pluie dans les régions des Savanes, Kara, Centrale, Plateaux et Maritime.

 

Samedi 02 Juillet 2011 : Probabilité de pluie dans les régions des Savanes, Kara, Centrale, Plateaux et Maritime.

 

Dimanche 03 Juillet 2011 :Probabilité  de pluie dans les régions de la  Kara, Centrale, Plateaux et Maritime.

 

Lundi 04 Juillet 2011 :Probabilité de pluie dans les régions des Savanes, Kara, Centrale, Plateaux et Maritime.

 

Mardi 05 Juillet 2011 :Probabilité de pluie dans les régions des Savanes, Kara, Centrale, Plateaux et Maritime.

 

 

 

 

Hauteurs de Pluies Significatives :

 

Dimanche 26 juin 2011

Tabligbo…………………………  36,5mm

Atakpamé……………………….  20,8mm

Mango…………………………….  20,6mm

Mercredi 29 juin 2011

Kara……………………………….  21,0mm

Dapaong…………………………  75,4mm                   

 

Source: service météo du Togo                                       

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4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 09:08

Ce matin 2 juin 2011, j’ai été réveillé par mon téléphone. Enfin l’un de mes téléphones.

Autant vous le dire tout de suite, j’ai plusieurs appareils téléphones.

Il y a d’abord le téléphone portable à trois puces. Pourquoi trois puces, me dites vous ?

Au Togo, nous avons deux opérateurs de téléphonie mobile : Togocellulaire, « l’opérateur historique », société d’Etat et Moov, une filiale du saoudien Etisalat ou je ne sais quoi encore.

Si vous voulez appeler un ami, votre femme ou un client, il faudrait mieux pour vous qu’il soit abonné chez le même opérateur. Sinon, préparez-vous à dépenser une fortune. La solution, c’est acheter un téléphone pour Togocellulaire et un autre pour Moov.

Comme je voulais pas investir dans un troisième téléphone, j’ai plutôt acheté un téléphone à trois puces (merci les Chinois), en prévision d’un troisième opérateur qui ne saurait tarder si j’en crois la rumeur. Il se murmure partout à Lomé que ce troisième chanceux serait l’opérateur d’outre-mer spécialisé dans le suicide de ses employés.

Vous l’auriez compris en lisant entre les lignes, j’avais déjà deuxième téléphone : illico. Un téléphone portable avec des numéros de téléphone fixe, pour appeler de partout un fixe sans dépenser une fortune.

Mais détrompez-vous, j’ai bel et telephone.gifbien un troisième téléphone : un fixe avec des fils !

Ne vous étonnez donc pas si vous trouvez quatre numéros sur ma carte de visite. D’ailleurs, je vais vous faire un dessin :

Tél. 00228 XXXXXXX

TCell. 00228 XXXXXXX

Moov. 00228 XXXXXXX

Illico. 00228 XXXXXXX

Donc, comme je vous le disais, ce matin, j’ai été réveillé par un de mes trois téléphones : le portable à trois puces !

 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 18:24

L’info, je l’ai eu par hasard le vendredi 27 mai. J’avais engagé une discussion avec une amie, juste après la soirée ciné-documentaire «Afriques : une autre histoire» au Centre Mytro Nunya quand elle lança : « Tu sais qu’il y a encore eu un assassinat politique au Togo ? » Elle parlait de la mort de Vidada Gaston. Je le connaissais de nom. Ces dernières années, il avait défrayé la chronique par ses frasques politiques. Membre fondateur de L’Alliance démocratique pour la Patrie (L’Alliance), l’ex premier ministre Agbéyomé Kodjo (alors vice-président de l’Alliance) l’avait utilisé pour affaiblir le président du parti, M. Dahuku PERE. C’est ainsi que Gaston Vidada et ses amis porteront Agbéyomé Kodjo à la tête d’un nouveau parti, OBUTS, Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire. Quelques mois plus tard, le même Vidada sera utilisé dans les mêmes circonstances par le RPT (parti au pouvoir), cette fois-ci contre le président d’OBUTS, M. Agbéyomé Kodjo. Finalement, il sera débouté de son action en dissolution de l’OBUTS.

Qu’attendre d’un pays où on peut se retrouver criblé de balles à tout moment à son domicile ? Assassinat politique ? Crime crapuleux ? Les deux éventualités font froid dans le dos. Mais pour le blog de Charles Debbash, republicoftogo, la messe est dite. Inutile d’attendre les résultats de l’enquête diligentée par le parquet. Ce sera un crime crapuleux. Le rédacteur ose même un peu d’ironie : « Le Togo n’est pas habitué à des meurtres de cette nature qui ressemblent à des règlements de comptes à la colombienne.»


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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 10:49

Ce matin [19 mai 2011 ], j’étais au tribunal de première instance de Lomé dans le cadre d’une confirmation de vente d’un immeuble bâti tout pourri que ma femme et moi, avons acquis, il y a un peu plus d’un an. Je promets de vous raconter par le menu les aventures hallucinantes que nous avons vécues depuis lors mais aujourd’hui, je vais juste parler de quelques histoires qui m’ont marquées. Il y a d’abord le représentant d’un belge.

Le juge : Madame, reconnaissez-vous avoir vendu un terrain à ce monsieur ?

-Oui. A trois millions.

-Tu as été payée et tu confirmes la vente ?

- Non, je n’ai eu que la moitié.

L’acquéreur intervient : « Nous avons tout payé au notaire »

Le juge : Vous avez un notaire, madame ?

Après le décès de son mari, la famille de ce dernier a tenté de mettre la main sur les biens du défunt dont la maison. Une amie lui a donc conseillé de mettre en vente rapidement le terrain pour ne pas risquer de tout perdre. Elles sont donc allées voir un notaire. La vente a eu lieu mais le notaire soutient qu’il n’a pas reçu la totalité de la somme.

« Depuis, nous jouons à Jacques, où es-tu ? » conclue la dame.

L’acquéreur confirme : « le notaire a disparu ! »

« C’est très embêtant, tranche le juge. La confirmation de vente est un acte volontaire. Si, le vendeur n’a pas eu son argent, on ne peux pas le forcer à signer ! »

L’acquéreur a beau protester, il ne récolte que des conseils d’un juge très prudent : « En principe, je ne devrais pas mais je pense que vous devrais renégocier avec la dame. Vous avez aussi la possibilité d’intenter une action. De procès en appels, vous allez perdre du temps et de l’argent. Si vous pouvez trouver un arrangement, en attendant de mettre la main sur le notaire…L’affaire est renvoyée au 1er juin. Affaire suivante ! »

La deuxième histoire est une affaire d’escroquerie. Le juge : « Vieille, est-ce que vous parlez français ». Silence. Le juge décide de parler en éwé [une des 2 langues nationales du Togo]

-Je n’ai jamais vendu de terrain. Je ne connais pas cette dame qui prétend le contraire.

-Pourtant, vous avez signé le reçu de vente, maman, intervient la dame en question (l’acquéreur).

-Moi, on m’a dit de venir signer un papier me désignant comme mandataire. Je ne sais pas lire. Je ne pouvais pas savoir que c’était un reçu de vente.

-Qui ça, on ?

-Le géomètre.

-Renvoyée au 1er juin ! Je vais rédiger une convocation pour ce fameux géomètre !

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